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parloir du confessionnal sa fille spirituelle, à qui l’on accorda la liberté de l’aller entretenir sous le voile du sacrement aussi longtemps qu’il voulut. Ce fut là qu’ils eurent la commodité de se dire cent choses tendres, de se parler à cœur ouvert et de conclure qu’ils devaient après leur sortie se retirer à Genève. Mais de peur que de trop fréquents entretiens au confessionnal ne fissent naître quelques soupçons, Angélique avertit le père de la venir demander au parloir commun trois jours après, où en la présence de la sœur Écoute, elle lui ferait présent d’un agnus, dans lequel serait renfermé le billet qui lui marquerait précisément l’heure qu’elle serait en état de s’évader. Il ne manqua pas de se rendre à la grille au jour assigné où il reçut des mains de sa fille l’agnus qu’il n’eut pas plus tôt pris, que la sœur qui accompagnait, le lui ayant emprunté pour le considérer, eut toutes les peines du monde à le lui rendre, persuadée qu’il était plein de reliques, ce qui lui fit changer bien des fois de couleur.

Le père, de retour en sa cellule, décousit l’agnus et connut par le billet que le dessein de sa fille était de sauter les murs, dès le même soir, environ sur les neuf heures. Il mit ordre