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Billet du père Stanislas
à la sœur Angélique

« Je suis, ma chère enfant, dans de continuelles appréhensions pour vous. Il n’y a point d’heure pendant le jour que je ne pense aux moyens sûrs de vous affranchir, et point de nuit que je ne vous embrasse. Si la grandeur de votre amour répond à l’excès du mien, je ne doute point que vous ne goûtiez quelques doux moments. Dans peu nos plaisirs auront leur consommation. Courage, mon cher cœur ; l’espérance d’un bien certain a quelque chose de bien doux ; une idée flattée agréablement a de quoi satisfaire. Je l’éprouve à votre sujet, et je souhaiterais vous en pouvoir faire naître une assez chatouilleuse pour vous faire goûter par anticipation la douceur des divertissements qui nous attendent et qu’un bon dessein nous prépare. Je ne doute point, si vous m’aimez, que de si sincères déclarations n’aient plus de force pour le rétablissement de votre santé que ce bâton n’a de vertu que pour guérir. L’imagination fait souvent plus de miracles que la foi. Cher ange, adieu. »

Ce savant avait raison d’avancer que l’imagination a plus de force qu’un bâton n’a de