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jeunesse, n’eût effacé de son esprit les pieuses impressions qu’il avait reçues. Tout ce qu’il put obtenir d’elle fut qu’elle lui viendrait tous les jours rendre visite.

En effet, elle venait voir tous les jours ce bon père, et ce fut par les puissantes exhortations de cet habile homme, jointes aux mauvais traitements qu’elle éprouvait de la part de sa mère, que cette fille conçut l’aversion pour le monde et se résolut de céder à la persécution. Angélique prit donc enfin le parti de la retraite et alla postuler chez les Ursulines, où elle fut reçue au nombre des novices et fit profession l’année du noviciat expirée.

Elle n’eut pas plus tôt prononcé les vœux que la nécessité lui faisait faire qu’elle s’en repentit, ainsi qu’elle me l’a raconté elle-même dans le récit fidèle qu’elle m’a fait de ses aventures. Elle devint la proie d’un chagrin étonnant, qui lui faisait avoir tous les exercices réguliers en horreur, en sorte que toutes les pratiques du cloître lui devinrent un supplice.

Sa mère, qui fut avertie de l’état pitoyable où une profonde mélancolie l’avait réduite, alla prier le père Stanislas, auteur de sa vocation, de lui aller donner tous les avis nécessaires à son