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cet effet, nommé le père Stanislas, fût un de ceux de cette société dont la morale est fort commode, la crainte qu’il eut de perdre une si jolie dévote et une fille spirituelle, dont la jeunesse le sollicitait agréablement de temps en temps, fit qu’il ne donna pas d’abord dans le sens de cette veuve. Il est vrai qu’il ne la rebuta pas absolument et qu’il ne se défendit pas de vouloir employer ce qu’il avait de crédit sur l’esprit d’Angélique pour obtenir son consentement ; mais il lui représenta que cette affaire était de la dernière conséquence ; qu’elle ne pouvait recevoir que de Dieu seul la vocation à la vie religieuse, et qu’il serait le plus criminel de tous les directeurs s’il la forçait à se déterminer à un choix qui devait toujours être libre ; que cependant il ferait tout son possible pour la disposer à embrasser ce genre de vie.

Dès la première fois qu’Angélique alla rendre compte de l’état de sa conscience à ce directeur prévenu, il lui insinua la disposition de sa mère et lui fit connaître avec tant d’éloquence que la vie religieuse était la plus tranquille et le plus sûr moyen d’aller à Dieu qu’il eût ébranlé sa résolution, si le sang de cette jeune fille eût été moins bouillant et si l’âge, de concert avec la