Page:Fougeret de Monbron - Le Canapé couleur de feu.djvu/24

Cette page a été validée par deux contributeurs.

les vois en original, je leur rends toute la justice qui leur est due. — Oh ! vous convenez donc de la différence qu’il y a de moi à cette petite étourdie, dont vous étiez coiffé ? — Assurément, répondis-je, vous ne vous ressemblez en aucune façon. — Ça, continua-t-elle, en se haussant sur la pointe des pieds pour me caresser le menton, ce n’est point assez que vous reconnaissiez ce que je vaux, il faut m’en donner des preuves. — Eh ! quelles preuves, madame, exigez-vous de moi ? — Mais… dit-elle, en s’inclinant dans une bergère et me tirant entre ses bras, il est des choses que ma modestie ne permet pas d’expliquer ; c’est à vous de les deviner. Puis, la passion la suffoquant, elle balbutia mainte autre belle phrase que je n’entendis pas. Cependant je ne sais comment cela se fit : je me trouvai la culotte presque sur les talons, dans un état passablement honnête ; et, par un charme inconcevable, je me mettais en devoir de la besogner, lorsqu’un lacet de nonpareille, qui contenait sa gorge, venant à rompre, me fit tomber deux tétons énormes au-dessous de la ceinture. Cet accident me tira de l’enchantement où le diable m’avait jeté ; et, à l’aspect d’une jouissance si monstrueuse, je ne me retrouvai plus.