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dérance, parce que les relations diplomatiques demandent de vastes connaissances et une persistance de vues dont les gouvernements électifs sont incapables ; les nations étrangères s’efforceraient d’anéantir les sources de prospérité que de longues et habiles négociations nous ont ouvertes ; et notre pays, travaillé périodiquement par une crise sociale que l’or étranger pourrait transformer en guerre civile, serait exposé, faible et divisé, à l’invasion toujours imminente[1].

La perpétuité du pouvoir dans une famille garantit l’ordre et la prospérité au dedans, la dignité et la prépondérance de l’État au dehors. Le prince, placé au-dessus de tous les intérêts particuliers, ne les étudie que pour les confondre dans l’intérêt général ; il peut concevoir et exécuter ces grandes mesures qui contribuent à la prospérité publique ; à l’ombre d’un pouvoir incontesté et durable, le commerce, l’industrie, l’agriculture se développent et répandent le bien-être dans toutes les classes de la société. Tranquille au dedans, l’État est puissant au dehors, parce qu’il suit dans ses rapports avec les puissances étrangères une politique héréditaire, et que toutes les forces de la société sont toujours prêtes quand il s’agit de soutenir les intérêts nationaux et de repousser les agressions injustes.

Que l’on ne compare pas la situation politique des peuples modernes avec celle des peuples anciens, dont l’histoire nous raconte la grandeur. Chez les peuples de l’antiquité, la liberté, la gloire, la prospérité publique n’étaient le partage que d’un très-petit nombre d’hommes ; l’immense majorité était courbée sous le

  1. La malheureuse Pologne offre un exemple bien frappant des dangers que présente le Pouvoir électif : une royauté héréditaire l’aurait sauvée des dissensions intérieures, et du partage entre les grandes puissances ses voisines.