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société aux mains des insensés qui dirigeaient cette multitude furieuse. Le général Cavaignac vainquit les rebelles, et resta seul chargé du pouvoir exécutif jusqu’au 20 décembre, jour auquel la constitution nouvelle fut mise complétement en activité.

54. Cette constitution, promulguée le 4 novembre 1848, est précédée d’un préambule qui témoigne des bonnes intentions de ses auteurs. Ils se proposent de faire marcher la France plus librement dans la voie du progrès et de la civilisation, d’assurer une répartition de plus en plus équitable des charges et des avantages de la société, d’augmenter l’aisance de chacun par la réduction graduée des dépenses publiques et des impôts, de faire parvenir tous les citoyens, sans nouvelle commotion, par l’action successive et constante des institutions et des lois, à un degré toujours plus élevé de moralité, de lumières et de bien-être. Comme meilleur moyen d’arriver à ce résultat, ils constituent la France en république (art. 1). Mieux avisés que les constituants de 1789, ils parlent plus des devoirs que des droits : — devoirs des citoyens, qui doivent aimer la patrie, servir la république, la défendre au prix de leur vie, participer aux charges de l’Etat en proportion de leur fortune, s’assurer par le travail des moyens d’existence, et par la prévoyance des ressources pour l’avenir ; concourir au bien-être commun en s’aidant fraternellement les uns les autres, et à l’ordre général en observant les lois morales et les lois civiles qui régissent la société, la famille et l’individu ; — devoirs de la république, qui doit protéger le citoyen dans sa personne, sa famille, sa religion, sa propriété, son travail, etc., etc. C’est en présence de Dieu que l’Assemblée nationale proclame sa constitution, en tête de laquelle elle reconnaît qu’il existe des droits et des devoirs antérieurs et