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allait lui succéder, Cet acte de désintéressement ou de découragement eut sur le sort de la révolution les plus déplorables conséquences. Des hommes nouveaux arrivèrent au pouvoir, dépourvus d’expérience, et souvent animés d’intentions qui n’étaient point celles de l’assemblée dont ils devaient compléter l’œuvre.

L’Assemblée législative, dominée par les masses populaires, détruisit la constitution dont elle était chargée de développer les principes. Le 10 août 1792, par un décret rendu au bruit du canon qui assiégeait les Tuileries, elle suspendit le roi, et convoqua une Convention nationale, afin de prendre les mesures pour assurer la souveraineté du peuple et le règne de la liberté et de l’égalité. Un autre décret décida que, pour former la Convention nationale, tout Français âgé de 21 ans, domicilié depuis un an, vivant du produit de son travail, serait admis à voter dans les assemblées primaires, et que tout citoyen âgé de 25 ans pourrait être nommé électeur et député[1].

41. L’un des premiers actes de la Convention nationale fut l’abolition de la royauté, décrétée dès le lendemain de l’ouverture de ses séances, sans discussion, et lorsqu’un grand nombre de députés n’avait pu encore se rendre à l’Assemblée (Lanjuinais, Const. fran., tome 1, page 42). Après la chute du trône et le supplice du roi, la Convention fut déchirée par des luttes intestines ; elle ne respecta pas plus l’inviolabilité de ses membres qu’elle n’avait respecté l’inviolabilité royale. Les Girondins, vaincus dans la journée du 31 mai 1793 par les sections insurgées, furent mis en état d’arres-

  1. Dans ce décret, l’Assemblée nationale, considérant qu’elle n’a pas le droit de soumettre à des règles impératives l’exercice de la souveraineté, se contente d’inviter les citoyens à se conformer aux règles qu’elle indique.