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37. Le premier soin de l’Assemblée nationale fut de déblayer le terrain sur lequel elle avait à construire. Dans la fameuse nuit du 4 août 1789, sur la proposition de deux membres de la noblesse, le vicomte de Noailles et le duc d’Aiguillon, l’Assemblée arrêta, au milieu de l’enthousiasme général :

L’abolition du servage ;

La faculté de rembourser les droits seigneuriaux ;

L’abolition des juridictions seigneuriales ;

La suppression des droits exclusifs de chasse, de colombiers, de garennes ;

Le rachat de la dîme ;

L’égalité des impôts ;

L’admissibilité de tous les citoyens aux emplois civils et militaires ;

L’abolition de la vénalité des offices ;

La destruction de tous les priviléges des villes et provinces ;

La réformation des jurandes,

Et la suppression des pensions obtenues sans titre[1].

38. L’Assemblée nationale ne fut pas aussi puissante pour édifier que pour détruire. L’inexpérience des publicistes théoriciens qui composaient sa majorité, les préjugés philosophiques du XVIIIe siècle dont ils étaient imbus, les préoccupations de la lutte au milieu de laquelle ils se trouvaient, la méfiance qu’ils nourrissaient contre l’autorité, ne leur permirent pas de créer une constitution qui pût résister aux agitations que la première phase de la révolution avait soulevées. Cette constitution, élaborée par l’Assemblée au mi-

  1. V. les décrets des 4, 9, 7, 8 et 11 août, sanctionnés le 21 septembre 1789.