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un puissant appui contre la féodalité. La plupart des seigneurs suivirent l’exemple des rois de France ; ils concédèrent aux villes sous leur domination des franchises communales, ou ils fondèrent des villes nouvelles, dans lesquelles ils attirèrent des habitants par les privilèges qu’ils leur accordèrent. Ainsi se forma une classe nouvelle de personnes qui reçut le nom de tiers état lorsqu’en 1302 on l’appela pour la première fois aux états généraux, après le clergé et la noblesse.

28. La noblesse féodale ainsi attaquée de toute part, décimée par les guerres intestines, par les croisades, par les luttes contre les Anglais ; affaiblie par les réunions successives des principales provinces à la couronne ; tenue en bride par le pouvoir royal qui s’appuyait sur des armées permanentes, sur les communes, sur les parlements, perdit la plupart de ses prérogatives, et, après avoir été définitivement vaincue par Louis XI et par Richelieu, se transforma sous Louis XIV en noblesse de cour.

29. À partir de Louis XIV, la royauté victorieuse voulut régner sans partage. La monarchie absolue s’appuyait sur des classes privilégiées désormais subordonnées au pouvoir royal ; les restes des franchises municipales furent détruits, et la main puissante du grand roi parvint à maintenir l’ordre dans un royaume où manquait encore l’unité de territoire et de législation, et où la société reposait sur des inégalités choquantes. Mais le tiers état, qu’on ne consultait plus parce qu’on croyait n’en plus avoir besoin, et que l’on avait dépouillé de tous ses anciens droits, fini par faire prévaloir les principes qui étaient autrefois la base des chartes communales, et parvint à faire jouir la France tout entière des droits qui jusqu’alors avaient été considérés comme des privilèges.