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guste, avait pris une extension nouvelle, et qui fut déclaré, par Philippe le Bel et Louis X, droit commun dans le silence des coutumes ; par les ordonnances des rois de France, qui, faites d’abord pour les domaines du roi, s’étendirent peu à peu, imposèrent des règles à la féodalité elle-même, et préparèrent les voies à un droit public et privé uniforme. Appuyée sur les parlements composés de magistrats versés dans l’étude du droit, la juridiction royale s’étendit partout ; elle rencontra la juridiction ecclésiastique, lutta avec elle, et finit par s’enrichir des attributions que celle-ci avait enlevées à la féodalité.

27. La noblesse, le clergé et la royauté ne furent pas seuls acteurs dans cette grande lutte : d’anciennes villes municipales romaines avaient conservé leur liberté, d’autres villes s’étaient peuplées de serfs affranchis. Laborieux artisans, commerçants industrieux, les bourgeois étaient parvenus à acquérir des richesses ; leur nombre imposait aux seigneurs féodaux, qui avaient intérêt à les ménager et à les laisser jouir d’une sorte d’indépendance. Mais, dans ces temps de confusion, des luttes s’élevaient quelquefois entre les villes et les seigneurs : ces luttes se terminaient par des traités (paces) ordinairement à l’avantage des villes. Le bien-être dont jouissaient les bourgeois qui vivaient ainsi en commun, gouvernés par des magistrats de leur choix, défendus contre toutes les vexations féodales, eut un effet contagieux ; dans toutes les cités où se trouvaient réunis les éléments d’une commune, les habitants sollicitaient de leur seigneur des institutions semblables, et quand on les leur refusait, ils les arrachaient par la force. Ce mouvement d’émancipation se propagea surtout dans le commencement du XIIe siècle : Louis le Gros et ses successeurs surent en profiter pour créer à la royauté