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pouvoir spirituel. Cependant l’organisation politique n’était pas uniforme chez eux ; elle variait suivant les temps et suivant les lieux ; on la voit tantôt sacerdotale, tantôt aristocratique, tantôt démocratique. L’idée la plus juste qu’on puisse se faire des Gaulois est celle d’un grand nombre de peuplades réunies quand il le fallait pour la défense commune, mais différant entre elles par leurs usages, leurs mœurs et leur gouvernement[1].

22. Lorsque les Romains eurent soumis les Gaules, ils transportèrent au milieu de ces populations intelligentes, mais encore peu éclairées, les produits d’une civilisation avancée ; les vainqueurs s’assimilèrent les vaincus, plus facilement subjugués par le charme des beaux-arts et des lettres qu’ils ne l’avaient été par la force des armes. Les institutions changèrent comme les mœurs, et la Gaule devint province romaine ; un pouvoir unique, celui de la métropole, succéda aux petits gouvernements qui se partageaient le territoire : mais à l’ombre de ce pouvoir naquirent les villes municipes et leurs administrations locales ; le droit romain régla les rapports des particuliers entre eux, et laissa des traces profondes qui ne sont point encore effacées aujourd’hui.

23. Affaibli par son étendue, amolli par la corruption, l’empire romain laissa envahir les Gaules par les nations du Nord[2], qui mêlèrent leur législation, leurs mœurs, leur sang à la législation, aux mœurs, au sang des Gallo-Romains. Ce contact intime de la barbarie et de la civilisation produisit d’abord le chaos ; tout pouvoir central disparut, les grandes voies de communication établies par les Romains furent coupées

  1. Voir l’Histoire des Gaulois, par M. Amédée Thierry.
  2. L’invasion ne fut complète qu’au commence du Ve siècle.