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mal cultivées la laisse tributaire des étrangers pour des matières qu’elle-même pourrait produire ; le crédit n’est pas populaire, les capitaux manquent trop souvent à l’agriculture et à l’industrie, qui, sur une grande partie du territoire, sont encore privées, malgré les immenses travaux qu’on a faits depuis trente ans, des voies de communication nécessaires à leur développement ; enfin, une grande partie de ses habitants, n’ayant d’autre moyen de subsistance qu’un travail précaire, dénués de tout esprit d’ordre et d’économie, sont exposés à l’entraînement de toutes les passions, et présentent un danger toujours imminent pour la société. C’est que, dans notre pays, une faible partie seulement de la population a fait de grands progrès dans la carrière de la civilisation ; les masses sont restées en arrière, entravées dans leur marche par des obstacles de toute nature dont elles ne sont point encore affranchies aujourd’hui.

21. L’histoire nous apprend que la population de la France se compose d’éléments empruntés à trois peuples : les Gaulois, les Romains et les Germains, qui différaient entre eux de caractère, de lumières, de principes politiques. Ces éléments divers, superposés d’abord les uns aux autres, se sont ensuite confondus et mêlés de manière à ne plus former qu’un seul peuple qui a conservé dans ses mœurs, dans ses lois, dans sa langue, des traces de sa triple origine.

Les Gaulois, comme tous les peuples dans l’enfance, avaient de grandes qualités et de grands défauts ; à la bravoure s’alliait la cruauté, à la religion la superstition ; ils paraissent avoir connu les arts nécessaires à la vie, et les avoir pratiqués avec succès ; la littérature et les sciences morales étaient le partage d’une classe de prêtres qui unissaient souvent le pouvoir temporel au