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la société jusque dans ses fondements. Ces grandes crises sont les maladies de l’ordre social : heureuse la nation qui ne les a point subies, et chez laquelle le progrès s’est paisiblement accompli par le seul effet du développement naturel de l’intelligence ; car la force compromet toujours le droit, et les révolutions violentes laissent après elles des dangers auxquels on n’échappe qu’à l’aide de secours extraordinaires que Dieu n’accorde pas toujours aux peuples.

17. La participation à l’organisation des pouvoirs, à la législation, à l’administration du pays, constitue les droits politiques. Ces droits appartiennent-ils aux membres de la société au même titre que les droits naturels, qui consistent dans l’égalité, la liberté, la propriété ? La plus simple observation signale entre eux une grande différence : les uns sont partout subordonnés à la double condition du sexe et de l’âge ; les autres sont l’apanage de tous sans distinction. Les premiers, en effet, supposent dans ceux qui les exercent l’intelligence des questions qu’ils ont à résoudre ; la jouissance des autres est indépendante de toute condition spéciale d’aptitude. Il est nécessaire d’être citoyen pour avoir des droits politiques, il suffit de faire partie de l’espèce humaine pour exercer les droits naturels.

Mais tous les hommes majeurs auront-ils les droits et le titre de citoyens ? Oui, dans une société assez homogène pour qu’il n’y ait plus dans son sein ni lutte de races, ni jalousie de classes, ni intérêts divergents des différentes parties du territoire, ou du moins pour que toutes ces causes de divisions soient dominées par l’amour et l’intelligence du bien public. Chez un peuple qui n’est point arrivé à ce degré de matu-