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était et est encore celle où la moyenne de l’intelligence et de l’instruction est le plus élevée ; elle ne peut éprouver de longtemps les angoisses des sociétés de la vieille Europe, où des millions d’hommes sont exposés à mourir de faim, parce que ses vingt millions d’habitants sont épars sur un vaste territoire admirablement propre à l’agriculture et à l’industrie, et que, dans ce pays où la terre appartient encore pour ainsi dire au premier occupant, tout homme peut être propriétaire et peut acquérir une fortune honorable avec moins de peine qu’il n’en aurait pour vivre en France. Enfin les Etats-Unis sont séparés des autres peuples du continent américain par de vastes déserts dans lesquels errent quelques misérables peuplades sauvages, qui reculent chaque jour devant la civilisation : et cependant, malgré tous ces avantages, l’absence d’un pouvoir central, puissant et continu, s’y fait souvent sentir ; l’élection du président est toujours une crise dangereuse : déjà des réclamations violentes se sont élevées, de la part de quelques États, contre des mesures d’un intérêt général, et plus d’une fois l’autorité s’est trouvée sans force pour faire respecter les lois. Plus les richesses et la population des États-Unis augmenteront, plus l’union sera compromise, et nul ne peut prédire quelle sera l’organisation politique de l’Amérique dans un siècle[1].

Concluons donc que le pouvoir monarchique héréditaire est indispensable à la France pour la conservation de sa prospérité à l’intérieur et de sa prépondérance au dehors. Mais le pouvoir du souverain n’est point absolu : s’il a la plénitude du Pouvoir exécutif

  1. Voir, sur tout ce qui est relatif aux États-Unis, l’intéressant ouvrage qui a pour titre : De la Démocratie aux États-Unis, par M. de Tocqueville.