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DE LA SICILE.

ses monumens rendus à la terre, et le vent s’est joué de la poussière de ses palais.

J’ai cependant vu dans l’hôtel-de-ville de Marsalla un groupe en pierre plus grand que nature, retrouvé dans les fouilles de Lilybée. Ce monument représente deux lions dévorant un taureau ; il me parut, quoique très-fruste, avoir appartenu à la plus belle époque de l’art chez les Grecs. Une inscription latine, conservée dans le même palais, rappelle la domination romaine.

On me logea chez des moines de l’ordre de S. François. Ils sont nombreux, hospitaliers ; mais leur maison est pauvre. Il nous fallut surmonter le dégoût que nous inspirait l’odeur du réfectoire, et nous y soupâmes avec eux. En entendant leurs prières avant le repas, en retrouvant devant moi le plat d’étain, la fourchette édentée et le gobelet de fer-blanc, je me crus encore à Rama ou chez mes vénérables hôtes de Jérusalem.

Quoique les bons religieux nous conduisissent avec la plus grande complaisance par-tout où ils supposaient que le moindre objet pouvait exciter notre intérêt, je ne trouvai rien qui valût la