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HISTOIRE INDIENNE.

d’une voix qui pénétrait seule jusqu’à son cœur. Je le voyais s’animer si le hasard rapprochait de lui M.lle d’Averney, languir et s’éteindre dès qu’elle s’éloignait un instant.

Je m’aperçus alors du trouble dans lequel la vue de ce jeune Anglais, son nom prononcé pendant son absence, tout jetait malgré elle la simple et confiante Solamé. Notre pupille se regardait comme l’épouse d’un autre : à l’abri de cet engagement et de ses souvenirs, elle se livrait au sentiment de l’amitié qu’elle croyait devoir au fils de son tuteur.

Une sédition éclata vers cette époque parmi les esclaves malais d’Anjenga ; ils saisirent l’occasion d’une pêche nocturne. M. Makinston y avait réuni un grand nombre d’Européens. Les flammes consumaient plusieurs édifices au moment de notre retour, qui fut accueilli par les cris de l’insurrection. Les troupes étaient repoussées par la multitude, et tout semblait présager la ruine certaine de la colonie, lorsque nous gagnâmes le large, fort incertains sur la route que nous devions tenir. Le major Makinston voulait placer notre petite flotte sous la protection du fort Wellesley ; un vent frais de