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SOUVENIRS

Perce-forêt ; le manteau de Rhée, qui n’appartient à aucun siècle, balaye commodément les rues de Messine.

Des musiciens suivent le cortège ; des orchestres l’attendent. Les fenêtres, les balcons, sont garnis de femmes très-parées qui font retentir l’air de leurs cris de joie ; la cathédrale est illuminée ; enfin cinq ou six cents cloches ne cessent de carillonner. Tout cela ne peint que faiblement le coup-d’œil de Messine et le délire de ses habitans pendant les quatre jours de fête de la Vara. Comme à Rome le bail de l’amour se contracte ou se résilie dans la semaine sainte, à Palerme le jour de Sainte-Rosalie, c’est à Messine à l’époque de la Vara qu’on parvient à se voir, à s’entendre, à former cette liaison qui charmera le reste de l’année.

Ce fut le 5 février 1783 qu’un bruit souterrain, suivi de légères oscillations, devint le précurseur du tremblement de terre qui bouleversa Messine et la Calabre. Les secousses allèrent croissant pendant plusieurs jours ; mais la plus terrible fut celle du 28 mars. L’aspect de la Calabre en fut entièrement changé. Déjà la même catastrophe, en 1638, avait anéanti