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sûr qu’on a de la peine à s’imaginer qu’on tourne autour du Soleil ; car enfin on ne change point de place, et on se retrouve toujours le matin où l’on s’était couché le soir. Je vois, ce me semble, à votre air, que vous m’allez dire que comme la Terre tout entière marche… Assurément, interrompis-je, c’est la même chose que si vous vous endormiez dans un bateau qui allât sur la rivière, vous vous retrouveriez à votre réveil dans la même place et dans la même situation à l’égard de toutes les parties du bateau. Oui, mais, répliqua-t-elle, voici une différence, je trouverais à mon réveil le rivage changé, et cela me ferait bien voir que mon bateau aurait changé de place. Mais il n’en va pas de même de la Terre, j’y retrouve toutes choses comme je les avais laissées. Non pas, Madame, répondis-je, non pas ; le rivage a changé aussi. Vous savez qu’au delà de tous les cercles