Page:Fontenelle - Entretiens sur la pluralité des mondes.djvu/201

Cette page n’a pas encore été corrigée

toujours, & adieu le Soleil. Si le Soleil est un feu attaché à une matière solide qui le nourrit, nous n’en sommes pas mieux, la matière solide se consumera. Nous l’avons déjà même échappé belle, dit-on. Le Soleil a été très pâle pendant des années entières, pendant celle, par exemple, qui suivit la mort de César. C’étoit la croûte qui commençoit à se faire ; la force du Soleil la rompit & la dissipa, mais si elle eût continué, nous étions perdus. Vous me faites trembler, dit la Marquise. Présentement que je sais les conséquences de la pâleur du Soleil, je crois qu’au lieu d’aller voir les matins à mon miroir si je ne suis point pâle, j’irai voir au ciel si le Soleil ne l’est point lui-même. Ah ! Madame, répondis-je, rassurez-vous, il faut du temps pour ruiner un monde. Mais enfin, dit-elle, il ne faut que du temps ? Je vous l’avoue, repris-je. Toute cette masse immense de matière