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me trouble, m’épouvante. & moi, répondis-je, cela me met à mon aise. Quand le ciel n’étoit que cette voûte bleue, où les étoiles étoient clouées, l’univers me paraissoit petit & étroit, je m’y sentois comme oppressé ; présentement qu’on a donné infiniment plus d’étendue & de profondeur à cette voûte en la partageant en mille & mille tourbillons, il me semble que je respire avec plus de liberté, & que je suis dans un plus grand air, & assurément l’univers a toute une autre magnificence. La nature n’a rien épargné en le produisant, elle a fait une profusion de richesses tout à fait digne d’elle. Rien n’est si beau à se représenter que ce nombre prodigieux de tourbillons, dont le milieu est occupé par un Soleil qui fait tourner des planètes autour de lui. Les habitants d’une planète d’un de ces tourbillons infinis voient de tous côtés les Soleils des tourbillons