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LA GRÈCE SAUVÉE.

Et d’un astre inconnu qui dirige ses pas
Les feux, en l’éclairant, ne l’éblouissent pas.
Leur lumière est aux yeux plus douce que brillante :
La Déesse des mois, dans la zone brûlante,
De son trône d’argent, sur les nuits de Pété,
Jette moins de fraîcheur, de paix et de clarté.
C’est là que, rejetant leur dépouille mortelle,
Dans des bosquets de myrte, en des prés d’asphodèle,
Habitent à jamais les mânes vertueux.
Non, des bois de Tempé l’abri voluptueux,
Les jardins d’Hespérus, la retraite enchantée
Où Psyché par l’amour fut jadis transportée,
N’égalent point l’éclat dont brillaient ces beaux lieux.
Un arbre y fleurissait, dont le fruit précieux
Ne croît point vers le Nil, ou l’Euphrate, ou le Gange :
Seul, de tous les parfums contenant le mélange,
Il verse en sucs divins la vie et la beauté,
La paix, la douce joie et l’immortalité,
Tous ces biens qu’autrefois eût pu garder Pandore,
Et dont le seul espoir aux humains reste encore.
Les mystères du monde ici sont découverts :
Œdipe est consolé, ses yeux se sont rouverts ;
De l’homme et du destin perçant l’obscur abîme,
Lui-même absout les Dieux dont il fut la victime ;
Sa fille est à ses pieds, et c’est là que Junon
A couronné les feux d’Antigone et d’Hémon.
Alceste à son époux est pour jamais rendue ;
Pénélope est du sien la compagne assidue ;
Son cœur fut moins heureux, quand, de roses paré.
Du voile de l’hymen son front s’est entouré,