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LA GRÈCE SAUVÉE.


 Un diadème au front, le grave hiérophante,
S’avançant au milieu de ce noble appareil,
Tient en un cercle d’or l’image du soleil ;
Et la Divinité, dont cet astre est l’emblème,
Semble du haut des airs apparaître elle-même.
Ô spectacle imposant ! tous les fronts sont baissés,
Tous les vœux à la fois sont au ciel adressés.
Des vierges, des enfants, dont l’essaim représente
Les saisons et les mois à la robe changeante,
D’un frais tapis de fleurs ont semé les chemins,
Et l’encens à longs flots s’exhalait sous leurs mains.
Un chant retentissait au bord des mers voisines,
Dans le creux des vallons, au sommet des collines ;
Prêtres, peuple et soldats redisaient à la fois :
« Salut ! Cérès, salut ! tu nous donnas des lois ;
« Nos arts sont tes bienfaits : ton céleste génie
« Arracha nos aïeux au gland de Chaonie ;
« Et la Religion, fille des Immortels,
« Autour de ta charrue éleva ses autels.
« Par toi changea l’aspect de la nature entière.
« On dit que Jasion, tout couvert de poussière,
« Premier des laboureurs, avec toi fut heureux :
« La hauteur des épis vous déroba tous deux ;
« Et Plutus, qui se plait dans les cités superbes,
« Naquit de vos amours sur un trône de gerbes.
« Déesse, entends nos vœux ! nous quittons un moment
« De tes heureux travaux le paisible instrument ;
« Ton culte est menacé par un roi sacrilège,
« Nous combattons pour toi ; que ton bras nous protège !
« Conserve-nous ces biens qu’aux rives d’llisus