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NOTICE HISTORIQUE

comme critique, n’a jamais été contestée ; mais on lui a reproché d’avoir trop peu fait pour sa gloire poétique. Quoique la postérité pèse et ne compte pas les ouvrages, il est certain que la traduction de Pope, le Jour des Morts et les autres poésies dont nous avons parlé[1], n’ont pas dû, malgré tout leur mérite et tout leur succès, suffire l’ambition du poëte. Aussi, dès 1790, Fontanes avait entrepris la composition d’un grand poëme épique (la Délivrance de la Grèce), dont plusieurs fragments, entre autres les portraits de Thémistocle et d’Aristide, furent lus à diverses séances de l’Institut, et dont nous-même avons vu plusieurs chants entièrement terminés. Qu’est devenue cette épopée ? Qu’est devenu le Vieux Château, charmant petit poëme que l’auteur, bien qu’il n’aimât guère à lire ses vers, a pourtant lu à quelques amis ? Que sont devenues enfin trente ou quarante belles odes, notamment celles qu’il a composés sur l’Assassinat du duc d’Enghien et sur l’enlèvement et la captivité de Pie VII ? Fontanes, en mourant, a-t-il ordonné de les brûler ; et, dans ce cas, ne devait-on pas lui désobéir, comme Auguste à Virgile ? Mais non, il n’a point donné de tels ordres. On nous assure au contraire, au moment même où nous terminons cette notice, que tous les ouvrages de Fontanes, inédits ou refaits, sont déposés dans les mains les plus fidèles et les plus dignes d’en faire jouir le public, dans les mains de sa fille, madame la comtesse Christine, et que, si les événements politiques et de longs voyages l’ont jusqu’ici empêchée de remplir ce devoir, elle va dès ce

  1. Nous n’avons rien dit d’une fort jolie Épître à Boùjolín sur l’emploi du temps, de quelques odes traduites d’Horace, de plusieurs fragments de Lucrèce et de Virgile, etc. etc. Tout cela est disséminé dans des recueils et journaux littéraires, qu’il est presque impossible de se procurer aujourd’hui. Vers l’année 1800, Fontanes rassembla lui-même ses diverses poésies et les fit imprimer en 3 vol. in-12. Mais, par un motif que nous n’avons jamais connu, il retira tout aussitôt cette édition de l’imprimerie, la racheta, et elle ne fut point publiée. Nous croyons même qu’elle a été détruite.