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L’ENLÈVEMENT DU PAPE.

Tels jadis Prusias, Antiochus, Attale,
 De la pourpre royale
Livraient l’antique orgueil aux dédains d’un prêteur.

Mais le chef des chrétiens, lorsque tout l’abandonne
Ne perd point sa grandeur en perdant sa couronne ;
Il a placé plus haut son espoir immortel.
Seul roi de tous ces rois que le sort persécute,
 Il garde dans sa chûte
La majesté du trône et les droits de l’autel.

Il montre aux vils brigands, opprobre de la France,
D’un monarque et d’un saint l’héroïque assurance ;
Pauvre et chargé de fers, on l’honore en tous lieux
Il règne, il porte encore et les foudres sacrées,
 Et ces clefs révérées
Dont la double puissance ouvre et ferme les cieux.

Cependant, s’il est seul, que pourra son courage ?
La barque du pêcheur flotte au gré de l’orage ;
Les astres obscurcis ne la dirigent plus.
Oh ! quand retentira, sur l’onde mugissante,
 La voix toute-puissante,
Qui rend le calme aux flots et l’espoir aux élus ?

Le danger croît ; les vents redoublent leur colère ;
Quel port nous recevra dans son sein tutélaire ?
Dieu semble sourd aux vœux qui lui sont adressés :