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ŒUVRES DE FONTANES

Il vous dira pourquoi, d’un crêpe enveloppée,
Par l’ombre de la terre elle pâlit frappée ;
Pourquoi, du haut des airs, cet astre de la nuit
Soulève l’Océan qui retombe à grand bruit ;
Tranquille, il fait rouler dans leurs justes orbites,
Autour de Jupiter, ses quatre satellites ;
Et, les montrant de loin au fier navigateur,
Dirige en paix de Cook le vaisseau bienfaiteur.
Tout cède à ses calculs : et vous le verrez même
Assujétir aux lois que suit notre système,
Et Cérès, et Pallas, qui naguère, à nos yeux,
Ont, après Uranus, pris leur rang dans les deux.
Sa main ramènera l’étoile déréglée
Qui vient, fuit, et revient, et court échevelée.
Moins de gloire appartient à mes humbles essais,
 Toutefois, j’ai voulu des poètes français
Élever les regards vers de si beaux spectacles.
Et lorsque la nature, étalant ses miracles,
Prodigue devant nous tant de trésors nouveaux,
Comme elle, s’il se peut, varions nos tableaux.
Faut-il offrir toujours, sur la scène épuisée,
Des tragiques douleurs la pompe trop usée ?
Des sentiers moins battus s’ouvrent devant nos pas.
Au festin de Didon, voyez-vous Iopas[1]

  1. Premier livre de l’Énéïde :
    Personat aurata, Cithara crinitus Iopas
    Personat aurata, docuit quæ maximus Atlas.
    Hic canit errantem lunam solisque labores.