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Pour la goûter, si peu que cette ivresse dure,
Les monts accepteraient l’éternelle froidure,
L’océan l’insomnie, et les déserts l’ennui !

Toutefois malgré son jeune renom, sa liberté reconquise, un charmeur voyage en Italie, ses douces amitiés et de nouveaux beaux songes d’amour, le Poète se sentait mal heureux : après, en 1866-67, les Écuries d’Augias qui semblent une consciencieuse traduction de poème antique, et quelques ténus Croquis Italiens non sans intérêt, il écrivit les Solitudes éditées en 1869. Quoique ce recueil désespère davantage que les Épreuves, d’émouvantes plaintes d’amour murmurent là, plus mâles que les plaintes de Musset, moins flottantes que les plaintes de Lamartine : des visions insaisissables, mais non irréelles animent ces retraites où notamment glisse un Cygne digne de flotter nostalgique sur les magiques lacs du roi de Bavière pour obombrer le cygne de Rodenbach, car si l’oiseau de Bruges

Barque de clair de lune et gondole de soie
Sommeille l’aile close en couvant des étoiles,


l’oiseau qui, précurseur du Symbolisme, blasonne splendidement les Solitudes,

Comme un vase d’argent parmi des diamants,
Dort la tête sous l’aile entre deux firmaments !


M. Sully Prudhomme aurait-il en outre écrit uni-