Page:Flourens - Ontologie naturelle (1861).djvu/97

Cette page a été validée par deux contributeurs.
83
GÉNÉRATION SPONTANÉE.

Aristote, si supérieur à tous ses contemporains ? Il crut que les poux venaient de la chair, les puces des ordures, les mouches de la viande corrompue, etc.

L’erreur de la génération spontanée s’est propagée jusqu’à nous. Un illustre physiologiste d’Allemagne, M. Burdach, l’admet encore pour les poissons. Des poissons paraissent tout à coup dans les étangs qui, après avoir été longtemps desséchés, se remplissent d’eau. Cette apparition subite frappe l’imagination. Une observation attentive aurait démontré que des milliers d’œufs, déjà fécondés, s’étaient conservés dans la vase, et n’attendaient, pour éclore, qu’une circonstance favorable. L’eau, revenue dans l’étang, a favorisé l’éclosion des œufs ; voilà tout le mystère.

De la part d’un savant aussi considérable que M. Burdach[1], une pareille idée étonne : Quandoque bonus dormitat Homerus. Mais voici que le même physiologiste, qui admet la génération spontanée pour les poissons, la repousse quand il s’agit des crapauds trouvés, dit-on, dans l’inté-

  1. Traité de physiologie considérée comme science d’observation, traduit de l’allemand par A.-J.-L. Jourdan. Paris, 1837, tome I, page 45.