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SPÉCIFICATION DES ÊTRES.

Voyons les causes lentes : j’appelle ainsi toutes celles qui, agissant d’une manière insensible et continue, finissent par amener un changement notable au bout d’un certain temps. Nous ne pouvons saisir l’accroissement d’une plante, d’un animal, et cependant il se fait. La fleur, qui d’abord était fermée, s’est ouverte ; l’animal s’est développé. Et, en cela, les choses vont quelquefois si loin que l’on a peine à reconnaître le petit dans l’adulte. Il a fallu toute la sagacité de Cuvier pour découvrir que le pongo est le même animal que l’orang-outang, que c’est l’orang-outang adulte. On peut citer encore, et surtout, les métamorphoses des insectes : je défierais qui que ce fût, s’il ne le savait d’ailleurs, de reconnaître dans la mouche le ver de la viande.

Telles sont les causes lentes. Elles ne font pas varier l’espèce ; et pourtant quelle puissance de variation que celle qui change un ver en mouche, une chenille en papillon !

Passons aux causes violentes, c’est-à-dire aux révolutions du globe.

Ces révolutions n’ont point influé sur la fixité de l’espèce.

On faisait à Cuvier cette objection : Qui vous dit que nos espèces actuelles ne sont pas une