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SPÉCIFICATION DES ÊTRES

Pourtant, l’âne et le cheval sont deux espèces distinctes. L’idée de ressemblance n’est donc qu’une idée accessoire.

Il n’en est pas de même de l’idée de reproduction. Si l’on unit ensemble l’âne et le cheval, on obtient bien un produit, un métis, mais non une suite de métis. Il est très-rare de voir des mulets qui se reproduisent.

L’idée de reproduction est donc l’idée fondamentale. Elle marque une distinction où la conformation extérieure n’en marquait pas.

Prenons un exemple contraire : on sait combien les races de chiens varient : le barbet, le lévrier, le mâtin, le dogue, etc., etc. Malgré les différences qui les distinguent, le barbet, le lévrier, le dogue, etc., sont de la même espèce. Il y a entre eux production continue.

La fécondité continue est le caractère de l’espèce.

Avant moi, Buffon et Cuvier avaient défini l’espèce : seulement, j’ai dégagé, dans leur définition, l’élément essentiel de l’élément accessoire. Mais, avant moi, personne n’avait songé à chercher le caractère du genre. J’ai trouvé ce caractère dans la fécondité bornée.

La fécondité continue donne l’espèce ; la fécondité bornée donne le genre.