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DE L’ESPÈCE.

quelque chose de fixe dans la caractéristique des êtres qui peuplent cet univers. Mon esprit ne s’accommode point des choses qui n’ont rien de stable.

J’étudiai cette question ayant sous les yeux Buffon et Cuvier, et je vis que ces deux hommes supérieurs avaient réuni dans leurs définitions deux idées fort distinctes : l’idée de ressemblance, et l’idée de reproduction.

L’idée de ressemblance n’est qu’une idée accessoire ; l’idée de reproduction est seule une idée fondamentale.

Prenons pour exemple l’âne et le cheval : ils se ressemblent singulièrement, surtout pour les traits profonds. La taille n’est pas la même, il est vrai ; mais la taille ne peut servir de caractère spécifique. Il est vrai encore que, dans l’animal vivant, il y a des caractères superficiels différents : dans l’âne, les oreilles sont plus longues, la queue est plus courte. Si l’on passe même à des organes plus intérieurs, la voix diffère : l’âne brait, le cheval hennit. Mais dès que nous arrivons au squelette, plus de différence appréciable, sensible. Cuvier n’a jamais pu trouver un caractère ostéologique qui distinguât l’âne du cheval.