Page:Flourens - Ontologie naturelle (1861).djvu/264

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
250
SUCCESSION DES ÊTRES

corps même du soleil, et ceci est la vue de Descartes et de Leibnitz ; mais il ajoute qu’elle en a été séparée par le choc d’une comète, et cela, ne peut être admis. « On sait, par la théorie des forces centrales, dit Laplace, que, si un corps, mû dans un orbe rentrant autour du soleil, rase la surface de cet astre, il y reviendra constamment à chacune de ses révolutions ; d’où il suit que si les planètes avaient été primitivement détachées du soleil, elles le toucheraient à chaque retour vers cet astre, et leurs orbites, loin d’être circulaires, seraient fort excentriques[1]. » D’un autre côté, on sait parfaitement aujourd’hui qu’une comète n’aurait pas assez de masse pour détacher un fragment du soleil.

L’hypothèse de Laplace paraît plus à l’abri de toute grave objection. Je ne puis ici que l’indiquer. Laplace suppose qu’en vertu d’une chaleur excessive, l’atmosphère du soleil s’est primitivement étendue au delà des orbes de toutes les planètes. Cette atmosphère s’est ensuite resserrée successivement jusqu’aux limites où elle se trouve aujourd’hui ; et l’on peut conjecturer qu’elle a

  1. Exposition du système du monde, t. II, p. 432.