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SUCCESSION DES ÊTRES

Nous sommes fondés à conclure de tout cela, qu’à différentes reprises la mer a successivement recouvert la terre, et l’a successivement abandonnée. Il est facile, en suivant les indices fournis par les débris des espèces perdues, de concevoir ce qui s’est passé à ces époques antérieures à toute histoire : les eaux, en se déplaçant violemment d’un côté, laissaient à sec une population marine, et, de l’autre, submergeaient une population terrestre. Effroyables destructions auxquelles en succédaient d’autres non moins effroyables : la mer, reprenant son ancien lit, y trouvait des animaux terrestres qu’elle anéantissait à leur tour ; tandis que, derrière elle, d’innombrables animaux marins périssaient sur son nouveau lit, rendu à la terre sèche.

Telle a été la période vivante.

Enfin, si nous fouillons à une plus grande profondeur encore, arrivés aux terrains primitifs, à ce qui constitue la charpente du globe, nous ne trouvons plus de débris d’animaux. Il y a donc eu une époque où la vie n’existait pas sur le globe ; et ceci est la période brute.

Ces deux périodes nous offrent deux ordres d’action très-différents.