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OU GÉOGRAPHIE ZOOLOGIQUE.

naturelle des faits, et la voici : tous ces animaux provenaient des espèces domestiques d’Europe qui avaient été importées en Amérique par les Espagnols, dès les premiers temps de la conquête. Ils en avaient lâché un grand nombre dans les forêts et dans les plaines, et comme, par des violences et des cruautés que l’histoire a justement flétries, les conquérans avaient fait le vide autour d’eux, ces animaux, errant en liberté sur une terre qui leur était abandonnée, se multiplièrent rapidement : rendus à la vie sauvage, ils formèrent bientôt des troupeaux considérables.

Ce qui est certain, c’est qu’avant la conquête aucune de ces espèces n’existait en Amérique. Les Espagnols ne trouvèrent en Amérique ni chèvres, ni cochons, ni chiens, ni aucune des espèces devenues domestiques en Europe. Qui ne sait de quelle admiration mêlée d’effroi furent frappés les indigènes quand, pour la première fois, ils virent des Espagnols à cheval ? Le cavalier leur paraissait faire corps avec l’animal énergique et docile qu’il dirigeait ; ils croyaient n’avoir qu’un seul et même être devant les veux.

Ainsi, l’exception disparaît ; la règle de Buffon