Page:Flourens - Ontologie naturelle (1861).djvu/216

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
202
DISTRIBUTION DES ÊTRES SUR LE GLOBE

Buffon découvre la source de toutes ces confusions : les premiers conquérants du nouveau monde trouvant, sur le sol conquis, des animaux qui se rapprochaient, en apparence, de ceux qu’ils connaissaient en Europe, leur donnèrent les mêmes noms : pour eux, le puma fut un lion, le jaguar un tigre, le lama un chameau. Ces dénominations inexactes se répandirent en Europe, et passèrent sans contrôle dans le langage scientifique. Pour me servir d’une des belles expressions de Buffon, « les noms avaient confondu les choses. »

En réalité, il n’y a en Amérique ni lion, ni tigre, ni chameau. L’éléphant, l’hippopotame, le rhinocéros, animaux de l’ancien continent, ne se trouvent pas non plus dans le nouveau. Buffon démêla tout ce chaos avec génie, et il en fit sortir cette belle loi, savoir : qu’aucun animal du midi de l’un des deux continents ne se trouve dans le midi de l’autre.

Cependant quelques faits semblaient contrarier la règle : on trouvait en Amérique des animaux de l’ancien continent, des chevaux, des chèvres, des cochons, des brebis et d’autres encore. Les espèces étaient incontestablement les mêmes. Buffon sut encore trouver ici l’explication très-