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OU ÉTUDE PHILOSOPHIQUE DES ÊTRES.

Je prouverai deux choses :

La première, que le nombre des espèces va toujours en diminuant ;

La seconde, que la quantité de vie, sur le globe, se maintient toujours la même.

Des espèces se sont perdues, même depuis les temps historiques : par exemple, le dronte[1]. On a détruit le loup en Angleterre. Le bœuf, proprement dit, n’existe plus en Europe. La souche du chien, celle du cheval ont disparu.

Ainsi des espèces se perdent, ce qui prouve que cet axiome, tant répété, n’est point vrai : La nature dédaigne les individus, mais a grand soin des espèces.

La nature a un égal dédain des espèces et des individus. La nature n’est qu’un vain mot.

Mais en même temps que certaines espèces disparaissent, le nombre des individus augmente dans d’autres espèces. La compensation s’établit.

Voyons, par exemple, ce qui s’est passé à Pa-

  1. Les Portugais l’avaient trouvé dans les îles de France et de Bourbon. Il n’était bon à rien. Ils détruisirent toute l’espèce. Il ne reste plus aujourd’hui du dronte qu’une tête osseuse, qui est au Musée d’Oxford, et qu’un pied, qui est au Musée britannique.