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FORMATION DES ÊTRES.

de réduire tous les miracles à un, et, puisqu’il faut se résigner au prodige, d’en admettre un complet, et de l’admettre une fois pour toutes. L’Ouvrier suprême, en formant le premier individu de chaque espèce, aura mis en lui les germes de tous les individus qui devaient en provenir, de toutes les générations futures. Ainsi, le premier homme a contenu les germes de son fils, du fils de son fils, et ainsi de suite jusqu’à la consommation des siècles. Étant tous contenus dans le premier individu, ces germes s’y trouvaient nécessairement enveloppés, emboîtés les uns dans les autres ; le premier germe enveloppait immédiatement le second et médiatement tous les autres.

De là les noms de préexistence, d’évolution, d’emboîtement des germes, que l’on a donnés à l’hypothèse de Leibnitz.

Le moment de l’apparition du germe n’est pas, pour Leibnitz, celui de sa formation. Le germe était tout formé. Seulement, il était resté dans un état passif, faute des conditions extérieures nécessaires à son développement. Un grain de blé, placé dans un lieu sec et froid, nous offre un exemple de cet état d’engourdissement et d’inertie : ce n’est que quand on l’expose à un