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Botanistes regardaient avec raison compte l'organe fécondant, a été pris depuis pour l'organe fécondé. C'est ainsi que Kolreuter, en rejetant l'opinion de Linneus, de Dillenius, de Haller, etc., nomme organe femelle le petit corps réniforme et rempli d'une poussière inflammable et impénétrable à l'eau, que les premiers regardaient comme une anthère. Mais l'observation de Dillenius sur son Selaginoïdes, celles que j'ai faites sur plusieurs Lycopodioïdes,dans lesquels, outre le petit corps réniforme, commun à la plupart des plantes de cette famille, on trouve des capsules uniloculaires et trispermes, placées au bas de l'épi, et des semences spheriques, remplies d'une substance gélatineuse, me donnent lieu de croire qu'il ne subsistera plus de doutes à cet égard.

Ce fait me paraît d'autant plus important, qu'il contribue à fixer nos idées sur les vrais organes de la fructification des Mousses, et qu'il ajoute à la grande masse de probabilités en faveur de l'opiniou que j'ai manifestée depuis long-temps. En effet, il prouve 1.° que les LYCOPODES ont, comme les autres végétaux, deux organes particuliers et très-distincts qui concourent à leur reproduction; 2° que le sac pollinifère, considéré par quelques Botanistes modernes comme organe femelle, paraît être le seul et vrai organe fécondant. C'est à ce second fait sur-tout qu'il est essentiel de s'arrêter. La poussière que renferme le corps reniforme des LYCOPODES est semblable à eelle eontenue dans l'urne des MOUSSES, dans la fleurette cruciforme des Jungermannes, et je dirai même à celles de quelques Lycoperdons*, Dans les uns et dans les autres cette poussière, étant la même, paraît devoir avoir les mêmes fonctions ; d'où il résulterait que l'urne des MOUSSES n'est pas, comme le prétend HEDWIG, une simple fleur femelle.

L'opinion d'HEDWIG, un des premiers observateurs du dernier siècle, est d'un grand poids sans doute. Nous lui sommes redevables de beaucoup de faits bien importans; il a ouvert et frayé, en grande partie, les routes qui doivent conduire un jour à de précieuses découvertes ; mais HEDWIG n'est pas infaillible; il s'est trompé dans l'observation de parties visibles à l'oeil nu, comme dans le Funaria, auquel il donne un double péristome; n'a-t-il pas pu, pour des organes plus petits, être induit en erreur par les effets trompeurs du microscope? et ne peut-on pas lui objecter de s'étre trop abandonné à l'illusion d'un système ingénieux, mais fondé sur des résultats obtenus avec les plus fortes lentilles de cet instrument, dans lequel on voit souvent tout ce que l'on veut voir?

Sans refuser à Hedwig les justes éloges qui lui sont dus, je pense que Michelli, Dillenius, Linneus, HALLER et Gærtner, qui méritent aussi le titre de grands observateurs, ont mieux vu que lui, et que ce système microscopique, si j'ose m'exprimer ainsi, qui ne peut s'appliquer à toutes les MOUSSES, a l'erreur pour base. Le fait le plus marquant, et qui a donné quelque crédit à ce système, est la germination obtenue par ce physicien, après avoir semé de la poussière du Funaria hygrometrica. Mais, si l'urne des MOUSSES est, comme il est naturel de le croire, une fleur hermaphrodite, il n'est pas surprenant que la germination ait eu lieu, parce que sans doute il s'est trouvé des semences parmi les poussières semées. HEDWIG prévient qu'il a fendu légèrement avec une épingle l'urne de la Mousse, qu'il en a enlevé la poussière, sans attaquer la columelle, que j'appelle capsule. Cette circonstance, qui paraît victorieuse à quelques partisans d'HEDWIG, est, selon moi, le plus fort argument à lui opposer. En effet, tous les Botanistes, pour peu qu'ils aient étudié les MOUSSES, savent que la maturité n'a lieu dans ces plantes qu'au moment de la chute de l'opercule, qui est celui de la fécondation des graines; que ces graines sortent instantanément

(*) J'ai présenté un Mémoire à l'Académie des Sciences en 1784, dans lequel j'ai fait voir que quelques Lycoperdons contiennent deux sortes de poussières différentes, bien distinctes et séparées. Je donnerai sous peu à l'Institut la preuve que les Jungermannes ontun fruit et une capsule bien prononcée, ct différente de la petite fleurette qui se divise en croix et qui contient une poussière adhérente à des filamens irritables.