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ménienne en saya ! L’Espagnole elle-même, avec son port noble, sa belle physionomie, pleine de fierté et d’amour, ne paraîtrait que froide et hautaine à côté d’une jolie Liménienne en saya ! Ho ! sans nulle crainte d’être démentie, je puis affirmer que les Liméniennes sous ce costume seraient proclamées les reines de la terre, s’il suffisait de la beauté des formes, du charme magnétique du regard, pour assurer l’empire que la femme est appelée à exercer ; mais, si la beauté impressionne les sens, ce sont les inspirations de l’ame, la force morale, les talents de l’esprit qui prolongent la durée de son règne. Dieu a doué la femme d’un cœur plus aimant, plus dévoué que celui de l’homme ; et si, comme il n’y a aucun doute, c’est par l’amour et le dévouement que nous honorons le Créateur, la femme a sur l’homme une supériorité incontestable ; mais il faut qu’elle cultive son intelligence et surtout se rende maîtresse d’elle-même pour conserver cette supériorité. Ce n’est qu’à ces conditions qu’elle obtiendra toute l’influence que Dieu a donné aux qualités de son cœur d’exercer ; mais lorsqu’elle méconnaît sa mission, lorsqu’au lieu d’être le