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n’osa pas me déranger pour me mettre mieux. On me laissa dormir une heure : je me trouvai très bien après ce sommeil ; nous étions alors en rase pampa, et je montai sur le cheval, afin de traverser cette immensité, toujours au grand galop.

M. Smith doutait fort que je pusse le suivre ; pour m’encourager, il ne cessait de me défier, j’acceptais le défi, et mis à honneur d’être toujours en avant de lui, de quinze ou vingt pas. Par cette manière de me stimuler, il obtint le résultat qu’il en attendait : je devins de suite excellente cavalière. Je fis si bien galoper mon cheval, tout en le ménageant, que l’officier Monsilla ne put me suivre, et moins encore les deux lanciers. Enfin M. Smith lui-même fut obligé de me demander grâce pour sa belle jument chilienne, qu’il craignait de trop fatiguer.

À midi, nous arrivâmes à Guerrera, et y fîmes une halte ; nous prîmes un repas sous le frais ombrage des arbres ; ensuite nous arrangeâmes des lits par terre et dormîmes jusqu’à cinq heures. Nous montâmes à pas lents la montagne et parvînmes à Islay à sept heures. Grande fut la surprise de don Justo quand il me vit. Cet homme, qui est d’une bonté et d’une hospi-