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cription des massacres, des viols, des atrocités que contenaient ces écrits faisait passer, dans l’ame timide des habitants, une terreur qui allait jusqu’au désespoir. Le moine atteignait ainsi son but, car le désespoir donne de la bravoure au plus lâche. Le général haranguait ses soldats ; le préfet, le maire lançaient leurs proclamations dans le même esprit ; enfin les moines des divers couvents, cédant à la force, prêchaient dans leurs églises la résistance jusqu’à la mort.

Toutes ces harangues et prédications produisirent sur le peuple l’effet qu’on en attendait. Dans le premier mois qui s’écoula après l’insurrection, la crainte de l’arrivée inopinée de San-Roman, qui commandait les trois meilleurs bataillons, excita de pénibles anxiétés et fit organiser la défense avec zèle. Le second mois, les Aréquipéniens, prenant confiance dans leurs préparatifs et le triomphe que le moine promettait à leur valeur, s’habituèrent à l’idée de la lutte dans laquelle ils allaient s’engager, et attendirent l’ennemi de pied ferme ; mais, au troisième mois, leur impatience ne connut plus de bornes ! La lenteur que San-Roman mettait à venir leur parut un témoi-