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DE LA BASSE-NORMANDIE 125

arrivé là, il n'eut pas le courage de le tuer, il lui avoua tout. Le jeune homme fut bien étonné que son père eût donné un tel ordre et il protesta.

— Promettez-moi de ne jamais revenir, lui dit le voisin, je dirai à votre père que je vous ai tué, et je lui porterai le cœur d'une bête en lui disant que c'est le vôtre. Il s'agit seulement de trouver la bête.

Un lièvre passe en ce moment. On cherche à l'attraper. Impossible. On aperçoit une biche, elle est prise, on la tue, et le voisin emporte son cœur pour le montrer au méchant père.

— Maintenant, éloignez-vous du pays au plus vite, et que Dieu vous conduise !

Le jeune homme remercia le voisin charitable; il lui promit de ne jamais le compromettre en attendant qu'il pût le récompenser, et il se diriga à travers le bois du côté opposé à la maison pater- nelle. En chemin, Ll rejoignit deux prêtres qui suivaient la même direction. La conversation s'engagea.

— Où allez-vous donc de ce pas. Messieurs ?

— Nous allons à Rome. Et vous ?

— Oh moi, je n'en sais rien. Je vais où Dieu me conduira.