Page:Fleury - Littérature orale de la Basse-Normandie, 1883.djvu/116

Cette page n’a pas encore été corrigée

92 LITTÉRATURE ORALE

— Eh ! sans doute. D'où que tu viens donc, que tu ne sais pas çà?

— Toutes les bêtes prennent Veffoche, dit un des buveurs. Elles échappent à ceux qui les tiennent, courent et bouleversent tout. Les étaux sont renversés; ceux qui comptent de l'argent le laissent tomber. Les voleurs ramassent ce qui leur convient et en font leur profit. Ce sont les magi- ciens qui font affoler les bêtes comme ça en jetant des poudres dans l'air.

— J'aime mieux le croire que d'y aller voir; mais je ne saisis pas trop le rapport qu'il y a entre une foire qui danse et une femme qui mange des volailles crues.

— C'est que tu ne crois pas aux poudres qu'on lance en l'air. Moi, je te dis qu'il y a des poudres qui affolent, des poudres qui élugent, comme il y a de l'herbe qui égare. On jette cette poudre en l'air, puis, après cela, vous voyez tout ce qu'on veut. Mais ce que vous voyez n'existe pas. Tu ne veux pas me croire? Écoute. Tu connais bien Marie Toulorge?

— La bonne femme qui demeure dans la petite maison au bas du hameau?

— Oui. Crois-tu que ce soit une menteuse?