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THÉÂTRE.

tante est sortie du boudoir de la rue Bellechasse !… Et quels raouts, miséricorde ! Des messieurs, convenables comme des domestiques du Grand-Hôtel, et qui dissertent sur la fusion des Centres, l’esprit du dernier cabinet, ou la meilleure assiette des impôts ! Le tout, bien entendu, d’après la direction du célèbre orateur, publiciste et homme d’état, M. des Orbières… et on appelle la comtesse de Mérilhac (il salue) son Egérie… ce qui est un grand honneur pour vous, ou plutôt pour lui, chère tante.

Madame de Mérilhac.

Tu auras soin de te placer auprès de Valentine.

Amédée.

Moi ? je veux bien.

Madame de Mérilhac.

Et tu tâcheras, n’est-ce pas, de surveiller un peu tes manières ? je tiens à ce que tu plaises.

Amédée.

Je plais toujours ! Dans quel but, ce soir, tout particulièrement…

Madame de Mérilhac.

Je trouve qu’il faudrait quitter enfin la vie de garçon ; à cinquante ans, il n’est pas trop tôt de s’établir, de se marier.

Amédée.

Moi ! me marier ! allons donc ! Un mariage, des enfants ! D’abord, je déteste les enfants, et quant à subir le joug d’une femme…

Madame de Mérilhac.

Fais ce que je te dis… Et tu mettras ton ami Paul près de Thérèse.