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Paul.

Ah ! ne me parle pas de cette imbécile !

Jeanne, piteusement.

C’était moi !

Paul.

Impossible !

Jeanne.

Et cette reine aux splendeurs infinies qui d’un geste faisait mourir les hommes…

Paul.

Assez ! N’achève pas !

Jeanne, se cachant la tête dans les mains.

C’était moi !

Paul, recule d’un pas.

Vous !

Jeanne, lui sautant au cou.

Oui, moi ! Pour te retrouver, pour te plaire, pour que tu m’aimes ! J’ose te le dire maintenant. Mon amour était si fort que j’ai traversé, afin de venir jusqu’à toi, toutes les démences et toutes les cruautés du monde. Et comme tu ne l’as pas compris, cet amour, comme tu ne l’as pas même aperçu, — il redoublait pourtant à chacun de tes dédains, — aujourd’hui, pour te sauver, je descends du ciel.

Paul.

Du ciel ?

Jeanne.

Ah ! tu ne sais pas, écoute ! J’étais morte ; les Gnomes me trompaient. Les Fées m’ont rendue a la vie ! Tu vas me suivre ! l’heure a sonné. Viens ! viens !