Page:Flaubert - Théâtre éd. Conard.djvu/329

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Paul.

Oh ! plus de ces mots-là ! Lève la tête ! toi qui as secouru ma détresse autrefois et qui maintenant me délivres, chère providence de ma vie, pauvre amour méconnu ! Et j’ai pu en chercher d’autres ! Ah ! comme j’étais ingrat pour le passé, aveugle pour l’avenir ! Je me suis laissé prendre, tout le long de ma route, par des illusions funestes, d’autant plus irrésistibles que je retrouvais dans chacun de ces monstres survenant pour me perdre quelque chose de toi, ton image. Et tu étais, au contraire, si loin !

Jeanne.

Oh ! pas si loin !

Paul.

Comment ?

Jeanne.

Moi aussi, j’étais aveugle !

Paul.

Que veux-tu dire ?

Jeanne.

Vous rappelez-vous cette coquette Parisienne qui vous étourdissait avec son embarras de bagages et de sottises ?

Paul, riant.

Oui ! oui !

Jeanne, naïvement.

C’était moi !

Paul.

Mais…

Jeanne.

Vous rappelez-vous cette lourde petite bourgeoise, dans cette contrée hideuse ?