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NEUVIÈME TABLEAU.

LE GRAND BANQUET.

Une salle à manger monumentale. Des lampes brillent, tenues à de très longues cordes, comme dans les églises. Sur les deux côtés, de distance en distance, il y a des colonnes de fer à chapiteau corinthien reliées entre elles par de grosses chaînes où sont suspendus des cœurs tout rouges. Au fond et occupant la largeur entière de la scène, un escalier à marches noires monte vers une galerie où se répète le même alignement de colonnes ; mais celles-là sans chaînes ni cœurs, avec des palmettes d’améthyste dans leurs chapiteaux et laissant voir la nuit par les intervalles de l’une à l’autre. Au milieu, à une table couverte de vaisselle d’or, et dont la nappe est de pourpre à franges d’or, siègent douze Gnomes de premier rang, six d’un côté, six de l’autre, tous portant au front des couronnes d’or. Le Roi, sur un trône plus élevé et faisant face au spectateur, est au haut bout de la table avec une couronne plus haute et ornée tout autour de petits cœurs en diamants. Sur le premier plan, à gauche, Paul, changé en statue de marbre blanc et dans le costume qu’il portait à l’avant-dernier tableau, garde son attitude immobile.

Chœur des gnomes célébrant leur victoire.

Pendant qu’ils chantent, les marmitons circulent dans la galerie du fond pour apporter les plats et descendent quelques marches de l’escalier où les valets servant les Gnomes viennent prendre les plats pour les poser sur la table. En passant devant la statue, chaque valet lui fait une salutation ironique.


Scène première.

LES GNOMES, LE ROI DES GNOMES, PAUL, en statue.
Premier gnome à la droite du Roi, regardant la statue.

Eh bien, héroïque nigaud, comment trouves-tu ta position ?