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Couturin.

Parce qu’il t’a déjà repoussée quand tu étais paysanne : l’oublies-tu ? Et, surtout, écoute bien, tu ne doutes pas de mon pouvoir : n’est-ce pas moi qui t’ai donné plus de robes que tu ne possédais d’épingles et plus de perles fines qu’il n’y avait de grains de son dans l’auge de tes pourceaux ? Eh bien, je te jure, par cette même puissance, que si tu viens à lui dire ton nom, à l’instant même, et comme d’un coup de foudre, tu mourras.

Jeanne baisse la tête, tandis que Couturin l’observe
avec anxiété ; puis lentement :

N’importe sous quel nom et sous quelle figure : pourvu qu’il m’aime, c’est tout ce que je veux ! Partons-nous ?

Couturin.

Oh ! inutile ! Le voilà qui vient pour des emplettes indispensables à son voyage !

On entend la voix de Dominique dans la coulisse.

Scène VII.

Les Précédents, PAUL, DOMINIQUE, Commis.

Dans la scène précédente, le décor peu à peu s’est changé en un bazar immense où il y a beaucoup d’articles de voyage. Le fond de la scène se trouve occupé par les couturiers et les modistes.

Dominique, criant.

Place ! place ! Il nous faut deux sacs de nuit, une aumônière, des couvertures.

Premier commis.

À vos ordres !