Page:Flaubert - Théâtre éd. Conard.djvu/244

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Jeanne, remonte la scène.

Quelle quantité de monde !…

Chœur.

Silence ! silence ! silence !
C’est le monarque qui s’avance !
Pareil aux astres éclatants,
C’est Couturin, roi de la mode,
Le seul qui sache, avec méthode,
Diriger nos goûts inconstants.

Jeanne.

Mais ils viennent par ici !… J’ai peur. Où me cacher ?… Ah !…

Elle s’enfonce sous l’arbre à miroirs. Toute la cour de Couturin,
en arrivant, chante :

Mortels, que sa faveur inonde
De l’un à l’autre bout du monde,
Marchez où sa main vous conduit.
Tous ses ordres sont chose grave ;
On est perdu quand on les brave,
On est sauvé dès qu’on les suit.


Scène III.

LE ROI COUTURIN, LA REINE COUTURINE, avec toute la cour (hommes et femmes) ; GRAISSE-D’OURS, premier ministre.

Couturin et Couturine sont habillés à la dernière mode du jour, exagérée. Graisse-d’Ours, en veste, toute la barbe hérissée, l’air farouche, un tablier. — Tous les personnages de la cour représentent les divers métiers relatifs à la toilette. — Le Roi arrive au milieu d’une estrade portée à bras, et assis dans une sorte de fauteuil ayant des compartiments sur les côtés, deux plumes d’autruche au haut des montants et un miroir dans le dossier. À droite et sur un siège plus bas, la Reine ;