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QUATRIÈME TABLEAU.

Une chambre d’aspect misérable. À droite et à gauche, une fenêtre en tabatière. Au fond, une cheminée de plâtre, où brûlent quelques charbons à demi éteints. À côté de la cheminée, une porte. Sur la cheminée, une boîte de pistolets. À gauche, au premier plan, une table et une chaise de paille. À droite, une paire de bottes vernies dans leurs embauchoirs. Auprès des bottes, contre le mur, un lit de sangle, et, sur le premier plan, à côté, un placard. Le jour commence à paraître par les vitres sans rideaux.


Scène première.

DOMINIQUE, seul.

Il arrive sur la scène en manches de chemise, en pantalon avec un madras autour de la tête, et il s’avance vers la cheminée en grelottant.

Quel froid, miséricorde ! Quand Monsieur va revenir, il est capable de geler.

Riant ironiquement.

Ah ! Monsieur !… Eh bien, et moi ? Est-ce que je ne gèle pas ? Est-ce que je ne souffre pas ? Est-ce une existence que de traîner une misère pareille ! Qu’il s’en arrange, puisque ça l’amuse ; mais moi, un homme fait tout au moins pour l’antichambre des ambassadeurs, quelle humiliation !

Il cherche de droite et de gauche dans l’appartement.

Et pas un cotret dans cette infernale mansarde, où il vous tombe des vents coulis…

Il regarde encore.

Non !… — Et voilà quatre mois que j’attends ! et